Wiki Guy de Rambaud
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                                               Simon Meusnier-Badger


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L'hôtel de La Cour des Prés (photo NR).

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La calandre de Tours, photographie prise par la Chambre de Commerce avant sa destruction en 1929 (Document Société Le Manach à Esvres).

Meusnier badger

Meusnier-Badger en uniforme d'officier doit ressembler à cela.

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Réponse des soi-disant brigands de la Vendée à Sénar.

Simon Meusnier-Badger est né le 28 Octobre 1754 à Véretz (Montlouis) et mort en 1833 à Tours.


Un Anglais, Humphrey Badger, à Tours, et son frère John Badger (1712 - 1800), à Lyon, permettent à l’industrie de la soie française de concurrencer les Anglais. Avant la Révolution, Simon Meusnier est apprêteur et négociant en soierie. Il se marie avec une des filles d'Humphrey Badger et devient son associé[1].

Meusnier-Badger dans son compte-rendu moral et politique écrit :

Sans fortune avant la révolution, je vivois du modique produit de l’état d’apprêteur de soieries de la fabrique de Tours ; cette ressource qui, naturellement bornée, suffisoit à peine aux besoins journaliers de ma famille a bientôt été réduite par la stagnation générale du commerce et par le sacrifice que j’en faisois chaque jour pour servir la chose publique. […]. J’avois fait un tel sacrifice de mes intérêts à la cause commune que je touchois à ma dernière ressource, lorsqu’il y a neuf mois je devins possesseurs, par la mort de mon père, d’environ trois cent livre de rentes, momentanément réalisés, selon l’abondance des récoltes, et suivant l’annuité des impositions : voilà mes moyens d’exister. […] Uniquement occupé du salut de ma patri et de l’anéantissement de ces féroces ennemis, déterminé à lui sacrifier ma vie dans cette circonstance décisive, j’oubliai tout à coup mes enfans, mon état et ma fortune[2].

En effet, nous retrouvons Simon membre de la Société des amis de la constitution (club des Jacobins dès 1790. Il est administrateur du directoire du département d'Indre-et-Loire, en 1791. Simon Meusnier-Badger est commandant du 2e bataillon de volontaires d’Indre-et-Loire, formé le 10 août 1791.

Simon est secrétaire de la Société populaire et montagnarde de Tours et conseiller du Représentant du peuple Guimberteau (octobre 1793). Ce dernier le fait nommer Commissaire en mission à La Flèche (fin 1793), membre du Comité de sûreté générale près l'armée de l'Ouest (1794).

Il devient membre du Comité Révolutionnaire de Tours[3].

Meusnier-Badger est nommé comme Président du comité de surveillance révolutionnaire de Tours, avant le 18 octobre 1793, grâce à René Levasseur.

Des membres de la bande armée de Sénar perquisitionnent le 27 avril 1794 (8 floréal an II), chez Meusnier-Badger où ils saisissent deux pièces d’artillerie et des boulets... Ils reviennent, le 9 floréal, chez Meusnier-Badger où ils découvrent vingt-trois balles, un sachet de poudre, deux paquets de cartouches, un fusil à deux coups et des boulets[4].

Six jours après le début de la grande terreur, Lescazenac, Meunier-Badger, Roze, Bassereau et Poirier Marcé sont accusés dans une suite de l'information faite par Sénar, agent national, et renvoyée à l'accusateur public du Tribunal Révolutionnaire par arrêté du Comité de Sureté Générale de la Convention du 28 prairial An II (16 juin 1794) contre les susnommés prévenus d'intelligences avec les rebelles de la Vendée, les Emigrés, d'avoir arboré la cocarde blanche, provoqué à la royauté et servi les complots des ennemis de la Patrie[5].

Fin juin 1794, Simon Meusnier-Badger est arrêté et emprisonné à la prison du Luxembourg, d’où il écrit : Conte moral et politique, Liberté, égalité, fraternité ou la mort. Il est libéré et ses dénonciateurs, Sénar et Turreau sont jetés en prison.

Il est Président du Comité de surveillance révolutionnaire de Tours.

L'abandon de la Terreur après le 27 juillet 1794, le 9 Thermidor, marque la disparition de tous ces comités. Simon Meusnier-Badger ne fait plus parler de lui comme révolutionnaire. Il redevient un soyeux de Tours.

Le 21 décembre 1794[6], soit deux ans après sa mort, les républicains récupèrent, le 9 Thermidor, les biens de Humphrey Badger, le beau-père de Simon, car trois de ses héritiers sont Anglais.

Le 9 Prairial An IV (28 mai 1796), Meusnier Badger obtient que l’établissement de la calandre soit soustrait de la vente des domaines nationaux[7].

Une seconde affaire liée aux avantages et au loyer du calandreur Meusnier-Badger intervient en 1824, liée au bail de la calandre.

La comtesse de Clocheville rachète l’hôtel de la Cour-des-Prés (1856) et en fait l'hôpital Cloheville après 1880.

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SA FAMILLE[]

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Des notables de Veretz et Esvres[]

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Meusnier esvres

Les premiers Meusnier connus vivent au manoir de La Baudelière (Esvres) avant 1639[8].

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Nobles et Notables de Véretz (2019).

Simon Meusnier est le fils du sieur Étienne Meusnier, marchand boulanger, marié le 11 février 1737 (lundi), à Véretz, avec Jeanne Lhermite. Etienne Meunier et de Jeanne Lhermite sont négociant en soieries, paroisse de St Vincent (de Tours).

Son arrière-grand-père, Antoine Sestier est officier du Duc de Mazarin (comme ses frères), Greffier de la baronnie de Véretz -t certainement en famille avec Antoine-Guillaume Sestier de La Gerbaudière, conseiller du roi, remplissant à Tours les fonctions de trésorier de France au bureau des finances de la généralité. Il est fils d'Antoine Sestier, conseiller du roi qui fait construire l'hôtel Sestier de Champrobert, à Montreuil-Bellay, au début du XVIIIe siècle.

Les premiers Meusnier connus vivent au manoir de La Baudelière (Esvres) avant 1639[9]. A la génération suivante ils s'installent à la métairie de La Haute Cour à Esvres qui est de nos jours un important site de fouilles archéologiques.

Les ancêtres de Simon Meusnier sont recensés et cités dans Nobles et Notables de Véretz, de Patrick Charron : Meusnier, Lhermitte, Sestier, Dagault, Dutrou, Rouillé, Arrault, Pesse...


On trouve aussi Léonard Grondeau (1633 - 1682) huissier, sergent royal, fermier de la terre seigneuriale d'Esvres.

Les Lhermite sont voituriers d'eau à Veretz, des patrons mariniers qui conduisent les chalands, possédant plusieurs embarcations, voire plusieurs trains de bateaux. Les voituriers ont une une certaine aisance bourgeoise. En raison de l'importance du commerce fluvial, la batellerie est très rentable.

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Sa belle-sœur, grand-tante de l'épouse de Félix Faure[]

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Berthe Belluot.

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La mort du président Faure. Berthe Belluot est à droite avec une de ses filles.

Les Meusnier sont suffisamment riches pour que son frère, maître René Meusnier, achète une charge de conseiller du roi et une étude de notaire royal à Rochecorbon, qui supervise la vente des biens nationaux dans le district de Tours. Ses décisions ne sont pas contestées...[10], puis répartiteur en 1809 et en 1813.

René Meusnier (1742- 1826) est notaire royal au bailliage de Tours, résidant à Rochecorbon (20 novembre 1769 - 22 avril 1817)[11].

En 1787, la municipalité de Rochecorbon se compose comme suit :

Membres de droit : Duc de Luynes Seigneur, Sorin curé

Membres élus : Marchandeau Gilles, négociant (syndic), Serée P. Tonnelier, Meunier, Notaire royal[12].

Anne Belluot (1748 - 1812), mariée le 13 juin 1763, Athée-sur-Cher, est née du mariage de Jean Belluot, marchand, fils de Jean Belluot, aussi marchand et de Marie Marcenne, de la paroisse d'Athée, et Marie Anne Corbet, fille de défunt Thomas Corbet et de Laurence Bouïlly, de la paroisse de Joué[13].

Anne Belluot (1748 - 1812) est l'arrière-grand-tante de Marie-Mathilde Berthe Belluot, épouse du président de la République Félix Faure.

Elle est la soeur de Jean Belluot, père d'un autre Jean Belluot, père lui-même d'Antoine Belluot, avoué et notaire d'Amboise en fuite pour escroquerie. Celui-ci a en effet écopé de vingt ans de prison par contumace pour avoir été un avoué peu scrupuleux. Ce Belluot a une fille Marie-Mathilde Berthe Belluot avec la soeur de Charles Guinot, entrepreneur en Travaux publics, maire d'Amboise, député, sénateur, président du conseil général. Charles Guinot habite une maison ayant fait partie des communs du château de Chanteloup. En se mariant avec Berthe, Félix Faure se lie à une famille de riches notables républicains d'Indre-et-Loire.

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Veretz à l'époque de la naissance de Simon Meusnier-Badger.

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AVANT LA RÉVOLUTION[]

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Locataire de la calandre royale (1788)[]

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Échantillon de moire d'Humphrey Badger : N° 1[14][15].

Un échantillon de moire d’Angleterre est remis en grande partie à M. de Trudaine le 12 mai 1751 au retour du voyage d’Angleterre du Sieur. Jubié[16][17].

Simon Meusnier-Badger travaille dans le domaine des apprêts et de l'ennoblissement des étoffes de la calandre royale de Tours. Comme apprêteur de soierie, Simon, mari d'Hélène Badger, loue l'ancien hospice qui sert de local à cette petite manufacture royale, dont le bail le 16 juillet 1788, est de 500 livres.

Le locataire précédent est son beau-père, Humphrey Badger, depuis le 20 mars 1780, au prix de 250 livres[18].

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Pierre Antoine Demachy, Vue panoramique de Tours, fin des années 1780, Musée des Beaux-Arts de Tours. Le transport des soieries sur Tours se fait beaucoup par la Loire.

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PENDANT LA RÉVOLUTION[]

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Calandreur, ou apprêteur de métier, Meusnier-Badger est un fervent défenseur de la ville en tant que membre de la Société populaire et montagnarde. Son compte-rendu moral et politique révèle un personnage au caractère fort, combatif et récompensé à plusieurs reprises. L’activité de la calandre passe au second rang lorsque l’aspect militaire le nécessite[19].

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Contre les prêtres réfractaires, les royalistes et les déserteurs tourangeaux (1792)[]

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Cour du Moirage : atelier de John Badger, frère de son beau-père, à Lyon.

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CCI Tours : La soierie. Avec la fin de l'Ancien Régime la soie perd ses clients.

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L'assaut des Tuileries le 10 août 1792.

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La sénéchaussée de Saumur (province d'Anjou) est rattachée de force à l'Indre-et-Loire. Meusnier-Badgr doit ramener l'ordre dans la région de Bourgueuil.

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A Beaumont-la-Ronce il commande un détachement de gendarmerie et de cavalerie.

Nous retrouvons Simon membre de la Société des amis de la constitution (club des Jacobins dès 1790. Ce choix est certainement dû à la famille de sa femme, les Badger, qui est favorable à la Révolution. Sur Lyon, le cousin germain de sa femme, Louis-Benoist Badger, est un soyeux futur vice-président des sections de Lyon. Il fait deux rapports sur l'insurrection fédéraliste et royaliste de Lyon de novembre 1793, réprimée par Fouché et Jean Marie Collot d'Herbois. Son Rapport et sa pétition sur les troubles arrivés à Lyon, présentés et lues à la barre de la Convention Nationale, le lundi 25 avril 1793, l'an II de la République Française[20].

Simon Meusnier-Badger élève seul ses trois enfants, car sa femme décède et du fait de la mévente des soieries pour cause de Révolution française, il va se retrouver est dans un état voisin de la misère. Mais, il hérite au décès de son père, le 13 avril 1793, de différentes rentes lui procurant une rente annuelle de 300 livres. Cette rente varie toutefois en fonction des récoltes. Il doit donc s’agir de terres d’une valeur d'environ 5.000 à 10.000 livres. À titre de comparaison le salaire d’un cocher à Paris est de 100 livres. Il devient donc un petit rentier, qui loue la calandre royale et est négociant en soie, matière vendue naguère aux aristocrates et aux riches bourgeois.

Son beau-père, Humphrey Badger, meurt à Tours le 25 septembre 1792[21].

Meusnier-Badger devient garde national, puis très rapidement il est nommé caporal, sergent et sous-lieutenant. La prise des Tuileries le réjouit. Il souhaite ardemment la mort du roi, qu'il qualifie de tyran, mais ne parle pas des Massacres de Septembre 1792 dans ses écrits.

D7s le 26 août 1792, Meusnier-Badger demande, avec 26 citoyens de Tours, la déportation de 189 prêtres réfractaires. Ces prêtres tourangeaux apprennent le 26 août qu'ils ont 15 jours pour fuir à l'étranger sous peine d'être déportés en Guyane. Des prêtres tourangeaux sont massacrés aux Carmes, à Paris, en septembre 1792.

Meusnier-Badger, pourtant déjà administrateur du département d'Indre-et-Loire, part à cette époque avec ses gardes nationaux lutter contre les prêtres réfractaires dans des dizaines de villages de Touraine.

À cette époque, il fait de lourds sacrifices pécuniaires pour combattre les ennemis de la Révolution. Il ne travaille plus et se sert de sa rente pour financer ses expéditions contre les ennemis de la révolution. Il réussit à cette époque à faire s’enrôler un de ses neveux et l’un des ouvriers de sa calandre en octobre 1792.

Simon Meusnier-Badger rétablit la tranquillité à Bourgueil, Chouzé-sur-Loire, et La Chapelle Blanche.

Il est ensuite envoyé par les administrateurs du département à Beaumont-la-Ronce commander un détachement de gendarmerie et de cavalerie pour lutter contre les royalistes et capturer ou tuer les déserteurs qui refusent la conscription.

Dans toute la France on excite le zèle des clubs pour découvrir des traitres. Simon Meusnier-Badger remarque qu’un avocat sans cause du nom de Sénar, se faisant appeler Sénar des Lys, chassé de L'Île-Bouchard, qui défend le tyran et les prêtres réfractaires. Meusnier-Badger le dénonce très certainement, mais moins de deux ans plus tard, il se retrouve à la prison du Luxembourg] dénoncé à son tour par cet individu.

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Commandant du 2e bataillon (1793)[]

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Officier et soldats de la Garde nationale en 1793.

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Fuite du général Santerre à la bataille de Vihiers.

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Les colonnes infernales de Tureau, général qui va s'en prendre à Meusnier-Badger, tuent beaucoup de prisonniers et de civils.

Le 2e bataillon de volontaires nationaux d’Indre-et-Loire est formé le 10 août 1791. Sur son drapeau du la légende avers : est République française et la légende revers est : Discipline et soumission aux lois militaires.

En mars 1793[22], Meusnier-Badger part combattre les Vendéens. Il est nommé commandant provisoire du 2e bataillon de volontaires nationaux d’Indre-et-Loire. Il commande des paysans, artisans et manouvriers venant principalement au Chinonais. À cette époque sont admis 226 citoyens en qualité de volontaires pour se joindre aux 574 hommes[23].

Le 14 mars 1793, à leur arrivée dans Cholet les Vendéens font fuir la cavalerie républicaine, impressionnée par l'arrivée d'une armée très nombreuse.

Meusnier-Badger arrête le lendemain à Montreuil-Bellay aux confins de trois provinces, l'Anjou, la Touraine et le Poitou, une colonne de 300 déserteurs. Il parvient à faire marcher ses gardes sur Doué-la-Fontaine.

Le 16 mars 1793[24], Meusnier-Badger a en face de lui l’une des trois armées vendéennes de l'armée catholique et royale d'Anjou, qui combat en Anjou et dans le Haut-Poitou.

Ayant reçu des renforts, Stofflet retourne à Coron mais il est définitivement repoussé par une charge à la baïonnette des républicains aux abords du bourg. Épuisés par trois jours de combat, les Vendéens se replient sur Mortagne-sur-Sèvre. Coron est aux mains des républicains le 11 avril. Meusnier-Badger et les hommes de son bataillon défendent Coron et Vihiers.

En vain ! Les Républicains prennent la fuite et se réfugient à Vihiers le 15 juillet 1793.

Le 18 juillet 1793 les rebelles vendéens reprennent Vihiers. À midi, les bataillons parisiens commandés par Santerre prennent la fuite sans combattre. Santerre lui-même prend la fuite où lors d'un épisode célèbre, son cheval effectue un saut par-dessus un mur de cinq pieds de haut. Les Républicains fuient jusqu'à Saumur.


La 10e demi-Brigade de première formation est formée en 1793 du :

2e bataillon du 5e régiment d'infanterie (ci-devant Navarre)

1er bataillon de volontaires d’Indre-et-Loire

2e bataillon de volontaires d’Indre-et-Loire.

La 10e demi-Brigade fait les campagnes de l'an III et de l'an IV à l'Armée de l'Ouest. Lors du second amalgame, elle est incorporée dans la 33e demi-brigade de deuxième formation.

C’est ce qu’on appelle l’amalgame des deux armées sous la Révolution.

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Secrétaire de la Société populaire et montagnarde de Tours (avril 1793)[]

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Secrétaire de la Société populaire et montagnarde de Tours.

En avril 1793, Simon Meusnier-Badger est renvoyé à la calandre de Tours où il est réclamé. Cela semble vrai, il reçoit un certificat de bonne conduite et devient le secrétaire de la Société populaire et montagnarde de Tours.

Avec la Terreur, la société populaire devient obligatoire. Dans chaque ville, une société populaire assure de concert avec les municipalités et les comités de surveillance la bonne application des lois et décrets révolutionnaires et dénonce les contre-révolutionnaires.

Malgré sa tâche importante de révolutionnaire de Tours, il trouve le temps de demander que l'administration accepte la vente par les douanes des étoffes de soie et de coton de la calandre.

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Commissaire en mission à La Flèche (fin 1793)[]

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Commissaire en mission.

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La bataille du Mans (1793).


En octobre 1793, Simon Meusnier-Badger est le conseiller du Représentant du peuple Jean Guimberteau en mission dans la Vienne, le Maine-et-Loire, l’Indre-et-Loire, le Loir-et-Cher et la Sarthe]][25]. Au début ils s’occupent de réquisition de chevaux[26], mais du fait d’une extension des pouvoirs du Représentant du peuple, par décret du 19 octobre 1793, ils se mettent à épurer les autorités locales du Loir-et-Cher et en Indre-et-Loire[27].

C’est certainement, grâce à l’influence de Guimberteau que Simon Meusnier-Badger est nommé commissaire en mission à La Flèche, sous-préfecture de la Sarthe. Ses fonctions ne sont pas qu’administratives et répressives.

Le 12 décembre 1793, Henri de La Rochejaquelein à la tête de 40.000 insurgés (hommes, femmes et enfants) se replie sur Le Mans. Tous les républicains situés outre Loire se portent à sa rencontre. Henri de La Rochejaquelein n'est pas taille face à une telle débauche de moyens. Les armées de Kléber, Westermann, Tilly et Marceau marchent sur les Vendéens. C'est une véritable boucherie.

Comme, les survivants des armées royalistes vendéens s'enfuient vers Laval et La Flèche, Meusnier-Badger les combat autour de La Flèche. Après avoir financé en partie des dépenses de son bataillon avec son argent, mais aussi avoit traqués les royalistes et les curés, cette fois-ci, il n’hésite pas à traverser une rivière en plein hiver pour poursuivre ses ennemis.

On a la formation du nouveau comité de surveillance révolutionnaire de la ville de Tours. Minutes des arrêts des représentants du peuple de l’armée de l’Ouest du 27 vendémiaire signés Richard, désignant Jallier, Minier fils, le président Sénar, procureur de la commune  ; La Tremblaye, directeur des messageries ; Guimpier, maître d’école ; Lerat, passementier ; Millet, horloger ; Allain Dupré, organiste ; Brette, perruquier ; Worms-Baumicourt, ci-devant maire ; du 24 frimaire, signé Guimberteau, Levasseur de la Sarthe, Rouhière, commissaire ordonnateur de la commission, désignant : Millet-Loisillon, Allain-Dupré, Brette, Lerat, Latremblay fils, Meunier-Badger, Paul Blanchette, marchand quincaillier ; Barrier, Sanson, Leturgeon aîné[28]

Le 14 décembre 1793[29], François Meusnier-Badger est désigné comme membre du comité de sûreté générale, près l'armée de l'Ouest.

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Président du Comité de Surveillance Révolutionnaire de Tours[]

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Meusnier-Badger est nommé comme Président du comité de surveillance révolutionnaire de Tours, avant le 18 octobre 1793, grâce à René Levasseur.

Simon Meusnier-Badger précise qu’il est nommé comme Président du comité de surveillance révolutionnaire de Tours, grâce à l’appui du Représentant du peuple en mission René Levasseur (1747 - 1834)], originaire du Mans. Ce révolutionnaire est un régicide, robespierriste, un des ennemis les plus féroces des Girondins[30], qui a soutenu la création du tribunal révolutionnaire. Cette complicité avec le boucher de Sedan montre bien que Meusnier-Badger est totalement acquis aux idées robespierristes.

Hélas pour lui, Sénar, tombé à Paris dans un état proche de la mendicité, parvient, grâce à l'aide de Amar et Vadier à devenir secrétaire-rédacteur au comité de sûreté générale de Tours. Il se fait surtout remarquer par ses méthodes pour interroger les prévenus et son zèle révolutionnaire outrancier[31].

Sénar dénonce Meusnier-Badger au Comité de surveillance de la société populaire montagnarde de Tours le 12 prairial[32]. Meusnier-Badger répond à un libelle de Sénar intitulé Les brigands de la Vendée en évidence, vers l’an II[33]

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Son emprisonnement (hiver et printemps 1794)[]

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Accusations contre Simon Meusnier-Badger et un de ses beaux-frères britanniques.

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Pendant la Révolution, le palais du Luxembourg fut transformé en prison. De grandes figures révolutionnaires ont été détenues entre ses quatre murs, notamment Danton et Camille Desmoulins en mars 1794

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Meusnier-Badger est le président du comité de surveillance révolutionnaire de Tours.

Robespierre déclare le 16 octobre 1793 :

Je me défie indistinctement de tous ces étrangers dont le visage est couvert du masque du patriotisme, & qui s'efforcent de paraître plus républicains & plus énergiques que nous. Ce sont ces ardents patriotes qui sont les plus perfides artisans de nos maux. Ils sont les agents des puissances étrangères, car je sais bien que nos ennemis n'ont pas manqué de dire : Il faut que nos émissaires affectent le patriotisme le plus chaud, le plus exagéré, afin de pouvoir s'insinuer plus aisément dans nos Comités & dans nos assemblées ; ce sont eux qui sèment la discorde, qui rôdent autour des citoyens les plus estimables, autour des législateurs même les plus incorruptibles ; ils emploient le poison du modérantisme & l'art de l'exagération pour suggérer des idées plus ou moins favorables à leurs vue secrètes (...).
Ce sont ces agents qu'il faut atteindre, c'est à eux qu'il faut parvenir en dépit de leur art perfide & du masque dont ils ne cessent de se couvrir. Ces agents là sont de tous les pays. Il y a des Espagnols, des Anglais, des Autrichiens ; il faut les frapper tous. La mesure est rigoureuse, elle pourra atteindre quelques philosophes amis de l'humanité ; mais cette espèce est si rare, que le nombre des victimes ne sera pas grand. D'ailleurs, cette espèce est si généreuse & si magnanime, qu'elle ne s'aigrira pas contre les mesures qui doivent assurer la prospérité de la France, le bonheur du genre humain & de la terre même qui leur a donné le jour, & où la tyrannie domine encore.

Le 12 août, l'administration de la police invite les comités révolutionnaire à faire des visites fréquentes et à arrêter les étrangers suspects.

Dans le trouble grandissant et général, d’une province à l’autre, de France à l’étranger, on ne sait plus trop quelles nouvelles doivent être accueillies. Tomas Badger écrit à son beau-frère :

A Monsieur Meunier-Badger, à Collandre, place d’Aumon, à Tours, en Touraine, par Paris, France, Monsieur et cher beau-frère... Donne moy des nouvelles de l’état où se trouve la France car icit on en dit plus qu’il n’y at... Votre très humble et très obéissant serviteur et affectionné beau-frère. Fait à Londre le 10-8bre 1792[34].

Simon Meusnier-Badger devient l'une des victimes de Sénar. Il est arrêté et emprisonné à la prison du Luxembourg, où il écrit dès son arrivée dans sa geôle pour se défendre : Conte moral et politique, Liberté, égalité, fraternité ou la mort[35].

La prison du Luxembourg, réservée d'abord aux députés prévenus de fédéralisme, ne tarde pas à recevoir un brillant contingent de suspects de qualité ; nobles accompagnés de leurs domestiques, dames du plus haut rang traînant à leur suite de fringantes femmes de chambre. Là aussi son renfermés des Anglais et des Anglaises. La vie qu'on y mène jusqu'au moment où le régime de la Terreur atteint ses extrêmes limites est on pourrait presque dire charmante[36].

Sénar écrit dans ses Mémoires :

… à l'époque de mai 1793, la poudre délivrée aux troupes républicaines était mêlée de poussière de charbon : fait consigné sur les registres de la première commission militaire que je présidais. Il en est résulté qu'ils ont été approvisionnés de boulets de canon par Meunier-Badger en correspondance avec son beau-frère alors en Angleterre, ce qui fut constaté par les procès-verbaux des commissaires du comité de sûreté générale, l'an II[37].

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Les canons et les boulets de canon[]

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Hôtel de La Cour des Prés, où est la calandre ex-royale, rue de Courset.

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Les canons soi-disant destinés aux Vendéens sont des bombardes datant du XVe siècle.

Alerté donc par Sénar, le Comité de sûreté générale désigne les porteurs d’ordre Chapuis, Lesueur, Rigogne, Cailleux qui arrêteront Rougé, Soreau, Véron et consorts pour intelligence avec les Vendéens, pour avoir arboré la cocarde blanche. Ils perquisitionnent le 27 avril 1794 (8 floréal an II), chez Meusnier-Badger où ils saisissent deux pièces d’artillerie et des boulets... Ils reviennent, le 9 floréal, chez Meusnier-Badger où ils découvrent vingt-trois balles, un sachet de poudre, deux paquets de cartouches, un fusil à deux coups et des boulets[38].

Louis Marie Turreau, l’organisateur des colonnes infernales reprend ces accusations dans ses Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de la Vendée :

En 1793, il en est résulté que Vendéens ont été approvisionnés de boulets de canon par Meunier-Badger en correspondance avec son beau-frère alors en Angleterre.

Meusnier-Badger est aussi accusé d’avoir des boulets de canon dans sa manufacture.

Simon Meusnier-Badger répond que ces boulets servent de temps immémorial à la calandre, dont il est fermier[39]. Le 29 mars 1794[40], l’immense majorité des membres de la Société populaire et montagnarde de Tours pétitionne en sa faveur pour cette accusation d'avoir chez lui des boulets non déclarés[41]. Les langues se délient : un témoin dépose que Sénar et les commissaires du comité de sûreté générale ont voulu le forcer à dire que Meunier-Badger avait porté la cocarde blanche en Vendée ce qui est faux[42].

On trouve dans sa maison et ses bâtiments six canons du XVe siècle (dont l'un incomplet) : canons, qui appartenant à l'artillerie de la ville de Tours. Ils sont employés, d'après les Archives municipales, à charger la calandre des soies quand ils sont hors d'usage ; puis ils servent de descentes de gouttières à une maison de la Cour des Prés[43].

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27 juillet 1794 - 9 Thermidor an II à la Cour-des-Prés[]

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Les affrontements sont nombreux le 9 Thermidor et les jours qui suivent à Paris mais aussi à Tours.

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Le 9 Thermidor à Tours.

La fête de la Liberté est célébrée le matin du 9 thermidor, avec calme, et avec plus d'appareil que l'administration n'en a mis pour l'anniversaire du 4 juillet. La fête se termine vers une heure. Chacun se retirer paisiblement. Il est près de deux heures, lorsque le citoïen Vallette, administrateur municipal, appelle le commissaire qui passe sous ses croisées, et lui dit que l'administration est alarmée d'apprendre que les grenadiers et chasseurs sont entrés à la Cour-des-Prés, tambour battant et armés de leurs fusils[44].

La Société de Meusnier-Badger, la Cour-des-Prés, est non politique. Quelques républicains s'y réunissent. Le commissaire, membre de cette société, répond que cette démarche de la part des grenadiers et chasseurs l'étonne et l'afflige ; qu'au surplus, il va se rendre à l'instant à la société, et qu'il ose répondre, qu'après avoir parlé aux républicains, il n'y restera pas une seule arme; qu'il ne soit pas proposé d'être du dîner, mais que, d'après cela, il en fera partie[45].

Un combat se trouvant engagé, après le repas, quelques-uns courent à la Cour-des-Prés, où ils disent qu'on veut égorger les patriotes. A l'instant, on sort précipitamment, s'armant de sabres et de bâtons. Bientôt un engagement a lieu dans le cloître Martin[46].

Il est à remarquer que la société de la Cour-des Prés, qui, l'on ne sait pourquoi, devient un objet d'épouvante dès son origine, ne s'est jamais occupée de questions politiques.

Chalmel écrit :

Si la municipalité, qui a tout fait pour trouver la Cour-des-Prés coupable des désordres qui ont lieu le 9 thermidor, qui n'a rien négligé pour le persuader au public, eut daigné entendre le principal locataire de la Cour-des-Prés, Meusnier-Badger, son épouse, ses domestiques, elle eût appris que, la veille, on ne lui commanda à dîner que pour une trentaine au plus. Mais on s'est bien donné de garde de prendre leur déclaration ; on craignoit qu'elle ne détruisit tout l'échaffaudage d'accusation dirigé contre la Cour-des Prés[47].

L'abandon de la Terreur après le 27 juillet 1794, le 9 Thermidor, marque la disparition de tous ces comités. Simon Meusnier-Badger ne fait plus parler de lui comme révolutionnaire. Il redevient un soyeux de Tours.

Le 21 décembre 1794[48], soit deux ans après sa mort, les républicains récupèrent, le 9 Thermidor, les biens de Humphrey Badger, le beau-père de Simon, car trois de ses héritiers sont Anglais.

Le 9 Prairial An IV (28 mai 1796), Meusnier Badger obtient que l’établissement de la calandre soit soustrait de la vente des domaines nationaux[49]. .

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Sénar est arrêté[]

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Après la mort de Maximilien de Robespierre, Sénar est arrêté comme terroriste.

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Jugement de la Commission militaire révolutionnaire, : établie pour les départemens d'Indre & Loire & Loir & Cher.

En avril 1793, Sénar prend parti pour les Enragés et s'oppose aux partisans de Jean-Lambert Tallien. Sénar obtient des représentants en mission, malgré les protestations du conseil départemental, la création d'une commission militaire révoutionnaire chargée d'enquêter sur les menées royalistes et contre-révolutionnaires, dont il prend la présidence6. Jusqu'à sa suppression, deux semaines plus tard, le 16 juillet, elle prononce huit condamnations à mort. Le 18 octobre 1793, il est président du comité de surveillance révolutionnaire départemental institué par les représentants en mission Choudieu et Richard. Destitué par Jean Guimberteau le 14 brumaire (4 novembre), il fait appel de cette décision auprès de la Convention nationale et obtient le rétablissement du comité le 16 novembre.

Cependant Sénar est dénoncé au club des Jacobins de Paris, par ses ex-amis de Tours, pour y avoir opprimé les patriotes, et pour y avoir dit que le signe sacré de la liberté (le bonnet rouge) est un signe de carnage. Meusnier-Badger est libéré.

L'oppresseur de Meusnier-Badger, Sénar, est renfermé dans l'enceinte du comité de sûreté générale, d'où il ne sort plus qu'accompagné d'un gendarme. Après la mort de Maximilien de Robespierre, il est arrêté comme terroriste; et bientôt il envoie du fond de sa prison des dénonciations fréquentes contre ses anciens complices, mais aussi ses victimes innocentées.

Joseph de Rosny écrit :

Il serait difficile d’énumérer les nombreuses victimes de la tyrannie de Gabriel Jérôme Sénar (1760 - 1796). Cependant parmi les personnes connues on compte les citoyens Rouger, Meusnier-Badger, La Grave, Cabaral, Chau, Chadereau, Béranger, La Baube, Ogier, Papion[50], Poirier, Bournier, Le Boucher, Martigni, Morgueil, Marcombe, femme Sein, Casnac, Bistenant, Laferrière, Gaulthier, Poirier de Nace, Renault-Desvernières, Jacques-Philippe Renault des Vernières guillotiné[51], Soreau, Japhet, Drouet, Billard, Ferand, La Roberdière, Célérion, Le Lâche, Duhoux, Ducluseaux, Maréchal, Esnault, Duchemin, Bourguignon, Bénévent, Bassereau, Desplanques (Louis-Thomas Desplanques Prêtre, maire de Saint-Cyr-sur-Loire en 1792, nommé le 4 novembre 1793 membre du Comité de surveillance ...), Barré, Tourneporte, Demon, Louis Texier-Olivier, Richard (femme Louis Texier-Olivier), Jean-Baptiste Leroux, Vaulivert, Chalmel, Gourrault, Berjou, Guérin, Haguelon, Courtalou, Beaurepaire, La Ribellerie, Dumaine, Fontenaille, Damboise, Feury, Javerlac, Auvinet, Macurtin, Legendre, Guertin, de Berc, Quinquelle, Moigneul, Quertin, Careau, Boule, Hareng, Martin, Barbier, Jean-Baptiste Allain-Dupré, Esterou, Callien, Torterue, La Radée, Métayer, Baillon, Mornand, Richer, Rétrif-Hervé, Desrivaux, Pitay, Brulet, Clémenderice...[52].

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La Révolution en Indre-et-Loire.


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APRES LA RÉVOLUTION[]

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Avant 1800[]

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Cour des près

Hôtel Cour des près, devenu une partie de l'hôpital Clocheville.

Emilie Ballon. L’affaire de la calandre de Tours au XVIIIe siècle, de l’acquisition à l’embarras (XVIIIe XIXe siècles)écrit :

Meusnier-Badger, qui n’est autre que le gendre d’Humphrey Badger, demande des réparations, reportées plusieurs fois et toujours attendues en 1800. Ces réparations sont jugées inutiles vu le peu de travail demandé au calandreur. Quelques réparations sont faites en 1803 et un loyer est établi pour Meusnier-Badger. Les soyeux et la Chambre de commerce, menés par Roze-Abraham surveillent de près la calandre[53].

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1824[]

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L'Hospice général de Tours.

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La soie se revend très bien sous la Resrauration.

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Hospice général (Hôpital Bretonneau).

Emilie Ballon. L’affaire de la calandre de Tours au XVIIIe siècle, de l’acquisition à l’embarras (XVIIIe XIXee siècles)écrit :

Une seconde affaire liée aux avantages et au loyer du calandreur Meusnier-Badger intervient en 1824. Le bail de la calandre arrive en effet, à son terme ; Meusnier-Badger doit le renouveler ou cesser ses fonctions. Comme neuf ans plus tôt, il signe une soumission au bail et s’engage à s’acquitter de son loyer. Néanmoins, il se rétracte et décide de jouir de l’usage de la calandre sans payer de loyer, ce que ne tolère logiquement pas l’Hospice Général de Tours. Le Receveur après avoir rendu compte des démarches qu’il a faites auprès de Meusnier père apprêteur des etoffes de soie à Tours pour le determiner à souscrire et passer avec l’hospice un bail de la maison de la calandre ainsi qu’il s’y est engagé […] leur soumission du 2 juillet dernier et au vu […] le (du) refus constant dudit sieur Meunier de passer ce bail, sudit que pour le mettre en demeure lui avait fait faire sommation. […] Cependant le s° Meunier avait jusqu’à ce jour persisté dans son refus sans en donner d’autre motif sinon qu’il ne voulait pas s’engager pour neuf ans et que d’ailleurs il jouirait bien sans bail. Qu’a l’égart du S° Meunier fils, il lui avait déclaré que non seulement il désirait executer l’engagement pris avec son père mais qu’il offrait et qu’il préférait se charger seul du loyer sauf à fournir les suretés que la commission pourrait exiger de lui. La commission jugea qu’il est necessaire de recevoir à l’autorité judiciaire pour convaincre le Meunier père à tenir ses engagements. Arrêté qu’il leur sera demandé au conseil de Préfecture, l’autorisation de former une action en justice contre les sieurs Meunier père et fils en dans le cas où ce dernier viendrait à faire le même refus que son père[54].

Commence alors une longue procédure d’échanges de lettres entre l’Hospice, Meusnier-Badger et son fils. L’engagement des Meusnier-Badger, signé en juillet 1823 ne laisse pas entendre une possibilité de se rétracter de la part du calandreur. L’Hospice obtient l’autorisation de former action en justice. Pourquoi un tel revirement de situation, alors que la calandre, sous la direction d’une famille compétente et d’une activité rentable, fonctionne ? Une nouvelle fois, le loyer est la cause des problèmes. La gratuité obtenue par Humphrey Badger, revue et supprimée, laisse place à une nouvelle augmentation de loyer, soit 800 francs.

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La comtesse de Clocheville rachète l’hôtel de la Cour-des-Prés (1856)[]

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Le général de Géraudon.

La rue de Courset est ouverte sur l'emplacement d'un terrain, la « Cour des Prés », dont le nom évoque la campagne humide des anciens faubourgs. D'abord calandre royale, sous la Révolution, la « Cour des Prés » sert de lieu de réunion, puis on y élève une prison qui est transformée en caserne en 1794. Elle sert de dépôt à l'armée de l'ouest. Puis elle devient un pensionnat de jeunes des dames du Sacré-Cœur.

En 1856, la comtesse de Clocheville rachète l’hôtel de la Cour-des-Prés pour exaucer le vœu de son fils et va y aménager un hospice destiné à accueillir les enfants pauvres de la commune.

Cependant, l’hôtel reste jusqu’en 1880 le siège de la division militaire établie à Tours. Le 7/8 Cour-des-Prés est le domicile du général-comte de Géraudon (1803 - 1881), qui commande la 18e division territoriale de Tours, en 1866. Il est présent au mariage de mon trisaïeul le colonel Ernest de Rambaud, qui est à cette époque officier à Tours.


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La comtesse de Clocheville y entreprend des travaux (1880)[]

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La comtesse de Clocheville.

Ce n’est qu’à la fin de cette année 1880 que la comtesse entre en pleine possession de son bien et entreprend des travaux. En 1880, aménagement de l'hôtel de la Cour des Prés en hôpital par l'architecte Messire.

Le 9 juin 1881, l’hospice Gatien de Clocheville est inauguré et la fondatrice le remet en don à la ville de Tours. Dans cette même période, la comtesse s’installe avec le jeune vicomte Gaston Pailhou, devenu son fils adoptif, dans l’Hôtel Grillet afin de mieux veiller sur les petits pensionnaires de l’asile. En 1882, la comtesse achète l’immeuble où est installée une ancienne fabrique de soieries, nommée La Calandre, voisine de l’Hôtel de la Cour-des-Prés :

la commission administrative des hospices de Tours est autorisée à supprimer, à partir du 24 septembre 1884, l’établissement industriel de soierie installé dans l’immeuble dit de la Calandre à Tours à charge de se rendre propriétaire, avant cette époque d’un autre immeuble aussi central que possible et d’y organiser le service de la Calandre.

En 1886, on adjoint au côté sud de l’ancien Hôtel de la Cour-des-Prés trois nouveaux corps de bâtiments, et le vicomte lègue à la municipalité une partie de son jardin pour percer l’actuelle rue de Courset.

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MARIAGE ET DESCENDANCE[]

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Son mariage (19 août 1785)[]

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Pierre-François-Julien Papion du Château est témoin à son mariage.

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Hôtel Papion du Château, puis Manufacture Royale de Damas et de Velours.

Simon Meusnier se marie avec Hélène Badger (1761 - 1792), fille d'Humphrey Badger, le 19 août 1785, à Tours (paroisse Saint-Venant). Ses parents, notables de Veretz devenus soyeux à Tours, s'opposent à ce mariage, mais sont déboutés par le Lieutenant général de Touraine, Marius d'Aine (1730 - 1804) dernier intendant de Touraine (1783).

Son cousin germain, Charles Meusnier, est témoin à son mariage comme Pierre-François-Julien Papion du Château, fils aîné de Pierre. Les Papion du Château sont une famille anoblie en 1781 très connue de Tours. L’hôtel particulier des Papion du Château est aussi une manufacture royale de damas et de velours. La présence de ce Papion du Château montre bien que Meusnier-Badger n’est pas un ouvrier, comme il va essayer de le faire croire dans ses écrits quand il est arrêté.

Son beau-père, Humphrey Badger (1719 - 1792) devient le directeur de la calandre royale de Tours en 1767. Le montant de sa rente est de 1.200 livres[55]. Il perçoit aussi les taxes au nom du roi de 1758 à 1789, dont la capitation. Le rôle de la capitation de la grande fabrique et de ses dépendances, pour la ville de Tours est énorme[56][57].

Humphrey Badger, d'origines irlandaises semble apparenté à des familles nobles irlandaises. Le 24 décembre 1775, Robert premier Baronet Blackwood, of Ballyliddy (Ireland), demeurant à Belfast, est logé à Tours dans la maison depuis quatre mois de sire Badger paroisse de Saint Pierre des Corps. Il fait une importante donation entre vifs et irrévocable à demoiselle Esther.

Simon est aussi le beau-frère de Nicolas Joubert de l’Hiberderie. Après son mariage, il est appellé Meusnier-Badger.

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Sa descendance[]

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Frédéric Le Clerc[58].

Simon Meusnier-Badger élève tout seul ses trois enfants, car il est veuf.

François Victor Meusnier est né le 27 avril 1790 Cour-des-Prés à Tours, et a été baptisé le 27 avril 1790 à Tours, paroisse de Saint-Venant. Son parrain est son oncle, maître René Meusnier, conseiller du Roy et notaire du roy à Rochecorbon, marié le 28 juillet 1823, à Saint-Epain, à Anne Belluot. François épouse Marie Eugénie Durand, fille de Pierre Durand, procureur du roi pour l'élection de Chinon, puis élu député du tiers à Chinon[59]. François Victor Meusnier devient, comme ses parents, négociant et apprêteur en soieries. Lui et sa famille habitent près de l'actuelle place du 14 juillet, propriétaire (rentier) en 1842, il demeure Cour des Prés. Il est calandreur, 2 domestiques en 1851. François Victor Meusnier est décédé le 6 juillet 1864 Cour-des-Prés, à Tours, paroisse Saint-Venant. Ils sont les parents de :

Marie Eugénie Meusnier (1824 - 1894) née le 29 novembre 1824, à Tours. François Moreau, horloger et Théodore Fougeré accompagnent son père à l'hôtel de ville pour déclarer sa naissance. Frédéric Le Clerc se marie avec Marie-Eugénie Meusnier (1824 - 1894), le 14 novembre 1842, à Tours[60]. Elle est née dans l'hôtel particulier familial Cour-des-Prés, à Tours. Elle est la petite-fille de Simon Meusnier-Badger. Ils ont trois enfants dont un fils âgé d'à peine dix ans quand Frédéric Le Clerc part aux Etats-Unis après la guerre franco-prussienne.

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NOTES ET RÉFÉRENCES[]

  1. Emilie Ballon. L’affaire de la calandre de Tours au XVIIIe siècle, de l’acquisition à l’embarras (XVIIIe XIXe siècles). Encyclo. Revue de l’école doctorale ED 382, Université Sorbonne Paris Cité, 2012, p.37-56.
  2. Emilie Ballon. L’affaire de la calandre de Tours au XVIIIe siècle, de l’acquisition à l’embarras (XVIIIe XIXe siècles). Encyclo. Revue de l’école doctorale ED 382, Université Sorbonne Paris Cité, 2012, p.37-56.
  3. Louis Texier-Olivier, Jean-Baptiste Leroux, Gabriel Bassereau, administrateurs du département d'Indre-et-Loire. Berjou,... Wlrist, dit Courbière,... Louis Detatramblais,... Meusnier-Badger,... Jean-Baptiste Allain-Dupré... à la Convention national, Collection numérique : Fonds régional : Centre-Val de Loire.
  4. Soreau Edmond. Trois Tourangeaux, trois nommés “Soreau” pendant la Révolution. In: Annales historiques de la Révolution française, n°208, 1972. pp. 247-271
  5. W//108
  6. 1er Nivôse an III
  7. Série L. Fo 37 vo
  8. Rôle des fiefs de Touraine, rôle de Montbazon
  9. Rôle des fiefs de Touraine, rôle de Montbazon
  10. Caisso, René, La vente des biens nationaux de première origine dans le district de Tours : 1790-1822, Paris : Bibliothèque Nationale, 1967, p.53.
  11. Guide des archives notariales: une minute pour l'éternité, Volume 1 Guide des archives notariales: une minute pour l'éternité, Line Skórka Archives Départementales, 1988.
  12. Les municipalités tourangelles de 1787 - Page 118, Marc Bouloiseau, ‎André Buchoux · 1969.
  13. .Revue de l'Anjou - Page 412, de Maine-et-Loire, Conseil Général, Angers Conseil Municipal - Anjou, 1903.
  14. Archives Départementales d’Indre et Loire, C107.
  15. Emilie Ballon. L’affaire de la calandre de Tours au XVIIIe siècle, de l’acquisition à l’embarras (XVIIIe XIXe siècles). Encyclo. Revue de l’école doctorale ED 382, Université Sorbonne Paris Cité, 2012, p.37-56.
  16. Archives Départementales d’Indre et Loire, C107.
  17. Emilie Ballon. L’affaire de la calandre de Tours au XVIIIe siècle, de l’acquisition à l’embarras (XVIIIe XIXe siècles). Encyclo. Revue de l’école doctorale ED 382, Université Sorbonne Paris Cité, 2012, p.37-56.
  18. Jules Turgan, Les Grandes Usines. Études industrielles en France et à l'étranger, Paris, Michel-Lévy/La Librairie nouvelle, 10 volumes illustrés, 1860-1874 et suiv.
  19. Emilie Ballon. L’affaire de la calandre de Tours au XVIIIe siècle, de l’acquisition à l’embarras (XVIIIe XIXe siècles). Encyclo. Revue de l’école doctorale ED 382, Université Sorbonne Paris Cité, 2012, p.37-56.
  20. Genet-Bronze, Pelzin et Badger.), Paris, impr. de A.-J. Gorsas et Badger, Louis-Benoist, Les sections de Lyon, aux citoyens du district de Montbrison, éd. de 1793.
  21. 5 Nivôse an I
  22. Ventôse An I
  23. Revue de l'Anjou - Page 412, 1903.
  24. 26 Ventôse an I
  25. Par décret du 8 octobre 1793.
  26. VII-298-303.
  27. VII-501
  28. ARCHIVES DÉPARTEMENTALES D’INDRE-ET-LOIRE INVENTAIRE SOMMAIRE SÉRIE L PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE.
  29. 24 Frimaire An II
  30. J. Tulard, J.F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la R.F., Robert Laffont 1989, p. 950.
  31. J. Tulard, J.F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la R.F., Robert Laffont 1989, p. 1094.
  32. A.D. 37, Lz 701 (ancien 3213)
  33. A.D. 37, Lz 711. impr. Vauquer et Lhéritier
  34. Soreau Edmond. Trois Tourangeaux, trois nommés “Soreau” pendant la Révolution. In: Annales historiques de la Révolution française, n°208, 1972. pp. 247-271
  35. Paris impr. de Massot, Cote et fonds 4-LB41-1030, Tolbiac Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu m. Jules ..., de Jules-Antoine Taschereau, p.82.
  36. Histoire de la Révolution française, de Louis Blanc, p.86.
  37. Révélations puisées dans les cartons des Comités de Salut public et de Sûreté générale ou mémoires (inédits)... publiés par Alexis Dumesnil... Sénart, 1824.
  38. Soreau Edmond. Trois Tourangeaux, trois nommés “Soreau” pendant la Révolution. In: Annales historiques de la Révolution française, n°208, 1972. pp. 247-271
  39. 11 Germinal an II, Revue de l'Anjou - Page 145, 1904.
  40. 9 Germinal an II
  41. Revue de l'Anjou - Page 145, 1904.
  42. Revue de l'Anjou - Page 309, 1904.
  43. Bulletin de la Société archéologique de Touraine. Georget-Joubert (Tours) : 1927-01.
  44. J.-L. CHALMEL. PRÉCIS DES ÉVÉNEMENTS QUI ONT EU LIEU A TOURS Le 9 Thermidor PUBLIÉ PAR L.-P. NOBILLEAU Membre de la Société archéologique de Touraine. TOURS IMPRIMERIE NOUVELLE ERNEST MAZEREAU, passage Richelieu, 1868
  45. J.-L. CHALMEL. PRÉCIS DES ÉVÉNEMENTS QUI ONT EU LIEU A TOURS Le 9 Thermidor PUBLIÉ PAR L.-P. NOBILLEAU Membre de la Société archéologique de Touraine. TOURS IMPRIMERIE NOUVELLE ERNEST MAZEREAU, passage Richelieu, 1868
  46. J.-L. CHALMEL. PRÉCIS DES ÉVÉNEMENTS QUI ONT EU LIEU A TOURS Le 9 Thermidor PUBLIÉ PAR L.-P. NOBILLEAU Membre de la Société archéologique de Touraine. TOURS IMPRIMERIE NOUVELLE ERNEST MAZEREAU, passage Richelieu, 1868
  47. J.-L. CHALMEL. PRÉCIS DES ÉVÉNEMENTS QUI ONT EU LIEU A TOURS Le 9 Thermidor PUBLIÉ PAR L.-P. NOBILLEAU Membre de la Société archéologique de Touraine. TOURS IMPRIMERIE NOUVELLE ERNEST MAZEREAU, passage Richelieu, 1868
  48. 1er Nivôse an III
  49. Série L. Fo 37 vo
  50. René Julien Papion, témoin au mariage de Meusnier-Badger, auteur de Mémoire sur la mendicité, présenté à l'Assemblée nationale / par M. Papion le jeune, Papion (17..-18.. ; citoyen de Tours), 1791 et Adresse sur les moyens de prospérité du commerce, & sur les secours à lui donner / présentée par M. Papion, le jeune, Papion (17..-18.. ; citoyen de Tours), 1791
  51. Armorial général de la Touraine ; précédé d'une notice sur les ordonnances, édits, déclarations et règlements relatifs aux armoiries avant 1789. Tome 19 ; publié par la "Société archéologique de Touraine" Auteur : Carré de Busserolle, Jacques-Xavier (1823-1904)
  52. Les infortunes de La Galetierre pendant le régime décemviral..., par Rosny, Joseph de (1771-1814), 1798-1799, p.28.consultable sur Gallica
  53. Emilie Ballon. L’affaire de la calandre de Tours au XVIIIe siècle, de l’acquisition à l’embarras (XVIIIe XIXe siècles). Encyclo. Revue de l’école doctorale ED 382, Université Sorbonne Paris Cité, 2012, p.37-56.
  54. Emilie Ballon. L’affaire de la calandre de Tours au XVIIIe siècle, de l’acquisition à l’embarras (XVIIIe XIXe siècles). Encyclo. Revue de l’école doctorale ED 382, Université Sorbonne Paris Cité, 2012, p.37-56.
  55. C.873 AD 37
  56. Bosseboeuf, La Fabrique de Soieries de Tours. Paul Bousrez 1900.
  57. Bulletins et Mémoires de la Société Archéologique de Touraine, Mémoires tome XL1. Inventaires du Mobilier Ecclésiastique et civil par Bosseboeuf… Mémoires tome XXXXIII (1904) .
  58. Louis Joseph Frédéric Le Clerc
  59. Recueil des cahiers de doléances des baillages de Tours et de Loches et Cahier général du baillage de Chinon aux États généraux de 1789, Documents d'archives, Archives départementales d'Indre-et-Loire, Etats généraux. T. Massereau. Imprimerie moderne, 1918.
  60. Mémoires de la Société archéologique de Touraine, 1866, v. 18.
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